Les cheveux de la montagne (2015)

Un jour l’homme dressa une montagne pour s’élever. Elle était belle, sa montagne ! Elle était toute droite, « raide à faire peur », disait céline. Fière et haute, dans son insolane splendeur, lui poussèrent de longs cheveux. Mais plus tard, vielle et fragile, avec l’age et l’usage, ses cheveux eux meme de plus en plus raides l’enracinèrent dans son ombre. Autrefois encore souvenir de son passé, cette ombre n’était dorénavant que le miroir de l’élevage qu’elle enfermait. La montagne au garde à vous, âgée, fatiguée (Il faut dire qu'elle était tellement tirée par les cheveux, cette montagne !), n’en pouvait plus d’être debout.

On tacha alors rapidement, tel le monarque, de la vider de ses organes avant de l’allonger pour toujours. [Ne resteront que ses cheveux et sa carcasse.] Après sa chute on en raconta des histoires. On se rappela que rien n’était éternel, et surtout on vît ce qu’elle nous cachait, cette montagne. Ahh la desilusion ah non bah celle ci on l’attendait pas dutout, ils nous juraient. Elle n’etait en fait qu’un mur, comme d’autre murs finalement, que la ville avait bâti contre elle même, faute de mieux. Et qui s’allongeait d’un soupire, faute de pire. Ces murs, on aurait dit qu’ils se regardaient en chien de faïence, dominant un plancher digne des meilleurs western. Et dans ce huit clos de titans, avec le temps, on les entendait se renverser les uns sur les autres, comme des dictateurs ivres.

Pourtant, on leur avait dit, que la cité debout s’allongera tôt ou tard pour regarder le ciel et oublier son ombre. Mais on avait voulu créer une population de marins à bord de navires qui ne quitteront jamais leur port, et à l’usure couleraient doucement dans un espoir d’évasion. Dans ce vacarme aveugle on avait oublié que quiconque défit ses dieux se verra rappelé par la gravité. On était trop attiré par l’image, le paraitre, et on feignait de comprendre que l’homme ne pouvait être son propre spectateur. L’ivresse de la monumentalité leur avait faut oublier la langue des arbres et avec eux celle du ciel. On avait préféré regarder l’horizon, par ce que Elle, elle avait une fin, c’était rassurant, on pouvait la nommer. C’est vrai que le ciel ca fait peur on s’y retrouve pas. Mais en fin de compte, on commence et fini toujours par s’allonger, pourquoi aller contre l’ordre des choses ? On a voulu dormir debout puis on a compris que c’était peut être mieux couché, ca nous évitait de finir sur nos genoux.